Cas particulier

[J'ai commencé à partir du point final de ta biographie. Dis-moi si ça te conviens~]

A l'imprévu comme à la routine,
Savoir s'adapter est la clé.

Encore une nuit blanche… Elinn se demandait bien combien de temps encore son corps tiendrait à un tel rythme. A ne se poser qu’une poignée d’heures pour rester actif des jours durant, nouveau train de vie qu’elle testait, dernièrement. Plus le temps, plus la patience de s’acharner à dormir.
C’est que là, en plus, le devoir la retenait loin du lit pour encore un moment. Il allait d’ailleurs falloir qu’elle quitte son confortable siège. Sortant à peine d’une petite matinée d’aide à la librairie, travail tranquille après une nuit blanche à voir rouge, aveuglée par les projecteurs, elle y laissa sa guitare, encore chaude de la soirée, comme une promesse de revenir plus tard, salua la grand-mère d’un signe de tête et s’en alla, coup de vent à travers la porte. Marchant sans précipitation, mais sans trop traîner quand même, sa destination n’étant pas très claire dans sa tête.

A présent, c’était son « boulot caché » qui l’attendait. Sur demande de cet agaçant employeur qu’elle supportait tant bien que mal, lui ayant donné sa parole d’être à sa disposition. Cela ne l’empêchait pas d’esquiver parfois ses demandes, mais finalement, par peur de l’ennui, elle ne manquait jamais de lui rester un minimum fidèle. Il le savait, et en profitait.
Donc, Elinn reprenait son masque d’Ombre.
Apparemment, c’était une impossibilité du « collègue » qui devait se charger à la base du nouvel arrivant qui l’avait désignée comme remplaçante. C’était tout ce qu’elle savait, avec l’adresse à laquelle elle était attendue, sur un bout de papier chiffonné, dans sa poche. Une position incertaine dont elle se moquait, la trouvant presque agréable, en fin de compte : la tâche lui paraissait moins intéressante s’il fallait juste l’accomplir, tous les éléments la composant déjà en tête. Les inconnus et les questions sans réponse faisaient partie des choses qui la passionnaient, quand elle se sentait d’humeur à les apprécier bien sûr.
Et aujourd’hui, c’était le cas.

Le lieu de rendez-vous avec son âme perdue –car qui ne l’était pas, en débarquant à Togenkyo ?- se trouvait en dehors du centre-ville. Pendant le trajet, elle se remit un peu en place, se débarrassant de ses lunettes, outil indispensable de son travail précédent, oubliées sur le nez, et une main ébouriffant vivement ses cheveux à la coupe inégale. Cela lui suffit à faire la transition. Bien qu’elle avait à cœur de séparer ses différentes activités, on ne la voyait pas vraiment changer de l’une à l’autre. Elle n’aimait pas les mélanger, mais ne cherchait pas particulièrement à se cacher pour autant. Et si, par mégarde, des gouttes d’un vase passaient à l’autre, elle n’avait qu’à l’ignorer ou la traiter dans l’état d’esprit présent. Forcer les choses à s’adapter à elle, et non l’inverse.

Arrivée sur les lieux de son office, elle remarqua que l’adresse, jusqu’alors seule ligne abstraite griffonnée à la va-vite, n’était autre que le foyer de la ville. Cet abruti de boss avait encore voulu la faire tourner en bourrique… Elle y était déjà passée plusieurs fois, en particulier pour ce même genre d’occasions, d’ailleurs. Mais elle n’avait jamais fait attention à l’adresse. Savoir s’y rendre lui suffisait amplement. Après un instant à dévisager la bâtisse, elle y entra, d’un pas assuré. Chercha des yeux l’une des personnes qui s’occupait de l’endroit, pour lui demander dans quelle chambre avait été installé le dernier arrivé. Il y avait de fortes chances que ce soit lui. De toute façon, elle le reconnaîtrait vite, pour peu qu’il soit réveillé. En deux ans de bons et loyaux services, elle ne pouvait que se venter d’avoir acquis une certaine expérience et maîtrise de son job. Peu rassurée par l’air nonchalant, et quelque peu étrange de la demoiselle, celle qui lui répondit ne le fit que d’un air méfiant. L’Ombre ne s’en soucia pas et partit aussitôt dans la direction qu’on lui avait indiquée.

Arrivant à la chambre qu’elle supposait être la bonne, elle entra, sans frapper, sans même marquer d’arrêt devant la porte. Après tout, la politesse n’était pas son fort, autant que son nouveau « client » s’y fasse de suite. Pour peu qu’il soit réveillé, encore une fois. Ce qui était visiblement le cas, à ce qu’elle pouvait voir d’où elle était.
Refermant la porte derrière elle, elle prit la parole, avertissant au moins de sa présence, bien qu’elle était à peu près sûre de s’être déjà faite remarquer.

- Ah, super. Ca m’évitera d’attendre le réveil, alors. On va pouvoir commencer…

D’une voix un peu amusée, murmurée du bout des lèvres, juste assez audible pour être entendue et comprise dans son intégralité. Et elle attendrait une réponse, un signe, avant de s’avancer plus.

Ren venait de s’éveiller et de découvrir son hermaphrodisme. Aussitôt il se demandait si il était un garçon ou bien une fille puis il vérifia son torse, aucun signe ne serrait-ce que minuscule d’une quelconque poitrine, mais peut-être n’avait elle pas encore poussé.
Ren se pausait tant d’autre question, mais personne à qui les posées !

Il resta là à attendre, il eu le temps de regarder sa chambre dans le moindre détail.

C’était une simple chambre au mur blanc avec une garde robe en bois clair, du parquet, un lit en bois blanc tout droit sortit d’un magasin de meuble suédois, une petite table servant de table de chevet et un bureau en bois clair et sa chaise, sur ce bureau était déposé un ours en peluche accompagné d’une lettre sur lequel était inscrit « Bienvenue, signé Mist ».

Puis il aperçut un miroir, il se tourna vers celui-ci et s’examina dans son reflet, il était vêtu d’un pyjama blanc et bleu avec des lunes et des soleils. Il ne savait pas d’où cela venait mais il l’avait déjà adopté !
Une jeune femme apparut à la porte et lui demanda de patienter encore, il retourna vers le lit et s’y assit.

Justement quelqu’un entra, quelqu’un avec un masque et des cheveux blanc ébouriffés.
L’être se tenant devant lui ne tarda pas à prendre la parole.

- Ah, super. Ca m’évitera d’attendre le réveil, alors. On va pouvoir commencer…

-Commencer quoi ? Où suis-je ? Pour quoi j’en ai 2 ? Suis-je une fille ou un garçon à la fin ?
J’espère que je n’ai rien fait de mal pour que je me retrouve dans cet état ! Et puis j’ai si faim !

Puis il resta là dubitatif à attendre des réponses s’il y en avait, tout en contemplant la personne qui lui faisait face.

Il y a des moments, parfois,
Qui justifient les décisions les plus regrettables d'une vie.

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-Commencer quoi ? Où suis-je ? Pour quoi j’en ai 2 ? Suis-je une fille ou un garçon à la fin ?
J’espère que je n’ai rien fait de mal pour que je me retrouve dans cet état ! Et puis j’ai si faim !

Sourire.
Elle ne s'en lasserait définitivement jamais.
La réaction.

Devenue Ombre dès son propre réveil, elle n'avait pas vraiment eu le loisir de s'étonner, de goûter à la surprise, d'être effrayée par ce nouveau monde où l'on venait de la plonger. Tant mieux, dans un sens. Elle n'aurait jamais supporté d'être aussi ridiculeusement ignare et perdue. Non pas que c'était l'unique comportement de ses "clients", mais il y avait une prédominance, quand même... Mais c'était ce qui faisait le charme du métier, après tout.

Allant s'assoir, le plus tranquillement du monde, sur un chaise qu'elle avait mené devant le lit de la petite âme en peine du jour, elle considérait d'un air amusé le premier symptôme caractéristique des patients de Dr. Ombre: les questions. Cascade de paroles désordonnées, à l'image sans doute des pensées qui les motivaient.
Oh! Et là, bien sûr, il y avait de quoi élargir le sourire et la jubilation d'Elinn.

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Finissant par hausser légèrement les sourcils au cours de la tirade de son interlocuteur, la jeune femme en attendit patiemment la fin pour engager sa réflexion. Curieux problème que semblait poser ce cas-là... Si c'était ce qu'elle pensait, elle n'aurait même pas du y être mêlée, m'enfin, toutes les anomalies sont dignes d'intérêt... Il faudrait qu'elle obtienne plus de détails sur l'affaire.
Mais plus tard. Régler les problèmes par ordre de difficulté restait définitivement la meilleure chose à faire face à une pareille accumulation.

Elinn, après un petit temps de suspens, où elle ne montra rien d'autre qu'une neutralité intéressée, peut-être légèrement amusée, c'est vrai, se décida à rompre l'attente de son protégé.

D'abord, cigarette. Et l'air détaché qu'il convenait d'afficher pour compléter le tableau. Le tout sans rien de surjoué, bien entendu, puisqu'il n'y avait rien de plus naturel pour l'Ombre.
Petit regard luisant de malice, qu'elle ne cherchait même pas à camoufler, dut-il effrayer d'autant plus celui qu'il observait, outrageusement insistant.
Une bouffée, crachin de fumée blanche vers le plafond... Ca y était. Let's go.

- Eh bien... Je me demandais pourquoi cet imbécile de gros matou avait tant insisté pour que ça soit moi qui m'en charge... Bon, on va prendre les choses dans l'ordre, tu veux?

Un ton qui s'accordait parfaitement à l'atmosphère qu'elle dégageait pr son attitude de vétéran agairi face au petit bleu du navire. C'était un peu ça, d'ailleurs... Et ce genre de situations était de celles où elle trouvait le plus de divertissement.

- Alors, déjà. T'as la dalle. Si tu veux qu'on règle ça...

Sa main se tendit en direction de la table de chevet, toute proche, dont elle ouvrit le tiroir. Un certain nombre de sucreries diverses et variées le remplissaient à ras bord.

- ...En général, on est assez prévenants envers les nouveaux.

Nouvelle bouffée.

- Ensuite, ce qu'on va commencer: ton arrivée. Où ça? Ici, à Togenkyo.

Nouvelle bouffée.

- Ce que tu as fait de mal... J'en sais rien, et je m'en fiche.

Nouvelle bouffée.

- Mais, théoriquement, nous, on t'as rien fait. Ah, et concernant ton "petit problème" identitaire...

Nouvelle bouffée. Sourire carnassier.

- ...Ca te dirait de m'en parler plus en détails?